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Revue ACN «  Crinières d’Or 2017 » CADRE NOIR CHEVAL PASSION 2017

Création, vous avez dit création ?……

Le Cadre Noir ne s’était plus produit dans la Cité des Papes depuis 2005.

Cheval Passion est le rdv hivernal qui ouvre la saison équestre du Sud-Est.

Le Gala des Crinières d’Or avec ses 6 représentations passionne toujours aussi bien le grand public que les cavaliers avertis. Chacun y trouve un peu de rêve ou se laisse transporter par la magie des tableaux proposés, ou bien même y cherche quelque référence.

Avec 8 numéros seulement, nous avons remarqué la volonté de raccourcir la durée du spectacle. Il était de fait plus enlevé que les années précédentes.

Les écuyers du Cadre Noir (credit photo: Frank Mariotti)
Les écuyers du Cadre Noir (credit photo: Frank Mariotti)

Noblesse oblige, le CADRE NOIR eut l’honneur d’ouvrir le bal. Il fut question d’une création extraite du spectacle « Danse avec le Cadre Noir » sur le thème du ballet de Coppélia. Frantz est fasciné par la silhouette de Coppelia, la fille au yeux d’émail, qu’il a aperçu derrière la fenêtre de l’atelier de Coppelius. Elle s’avère n’être qu’un automate. Coppelius est un fabricant de poupées. Il ambitionne d’en créer une, dotée d’une âme. L’histoire nous montre qu’il réussi. Swanilda, prend la place de la poupée, qui s’anime, brise l’automate et s’enfuit avec son fiancé, qu’elle épousera, à la fête du village. Nous sommes baignés dans le folklore slave, la mazurka y tient une large place dont le tempo à trois temps porte admirablement le galop de nos écuyers. Il s’en suit un pas de deux avec un couple de danseurs de la compagnie Dynamo. La danseuse, voluptueuse par moments, à la gestuelle mécanisée à d’autres, telle une marionnette, arriva sur la piste à bord d’une voiture hippomobile menée par Louis Bastyd du Haras d’Uzès. Le rôle de groom était tenu par Laeticia Baron. Ce bel attelage à quatre, était harnachés en collier anglais, comme à la Belle Epoque. Il s’agissait de quatre chevaux de sang bais. Ce bel équipage était formé d’un Selle français, un Trakhener, un Holdenbourg , un Winterberg. Leur robe se déclinant du bai, bai foncé, bai brun et noir pangaré. La voiture parfaitement restaurée, a appartenu à l’évêché de Rodez qui l’a offerte au Haras de Rodez. C’est une calèche, la dernière de l’évêque de Rodez.

Nos écuyers en  noir, avaient à leur disposition deux lots de chevaux leur permettant d’assurer les six représentations avec le souci de ménager leurs montures. Ils utilisèrent deux bais en début de semaine et deux alezans pour les trois derniers galas.

Sous la selle de l’écuyer Jean-Paul Larchy : Django l’alezan ou le bai Welfenkorig quelque peu facétieux, preuve qu’il reste libre….

L’écuyère Laurence Sautet montant respectivement l’alezan Dirty ou le bai brun Soutero.

 Cordoba Equestre (credit photo: Martine Clement)
Cordoba Equestre (credit photo: Martine Clement)

La subtile chorégraphie  proposée permettait d’occuper l’espace à merveille. Par de précis déplacements, les écuyers dessinèrent une parfaite géométrie, affichant autant de complicité que de complémentarité avec les danseurs. Savamment dosés, les exercices et les figures se succédèrent. Marque de l’équitation de tradition française, la discrétion des aides, voire secrètes, l’élégance et la sobriété de la posture induisant l’attitude du cheval. L’écuyer s’effaçant, discret, pour mettre en lumière son noble partenaire. Toutes les difficultés furent abordées. Au trot d’abord, puis au galop ensuite avec les changements de pied rapprochés jusqu’au temps chers à François Baucher. Les demi-pirouettes se dessinent autour des hanches diligentes, les épaules tournent légères….la jambe intérieure soutient et anime. On n’en perçoit que l’idée… « j’y pense et ça suffit ». Et le couple glisse en des déplacements latéraux, pour terminer avec les allures plus aériennes que sont le passage, le piaffer et leurs transitions. Quel plaisir de voir le cheval se rassembler, pour venir soutenir sa masse, se grandir majestueux, puis s’étendre énergiquement, paraissant ne plus toucher terre, sans forcer la main, ni jamais la lâcher et revenir à souhait avec rythme et cadence dans la plus rigoureuse rectitude…..Le buste, tel le fléau de la balance, joue, organise, équilibre…..la matière se sculpte, l’ensemble fait de l’effet, à la suite de son effet, qui calme et contrôle la bouillante énergie. L’écuyer propose, dispose, le cheval semble danser….. L’UNESCO ne s’est pas trompé….

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Freddy Porte ( crédit photo : Guy Magnin-Robin)
Freddy Porte ( crédit photo : Guy Magnin-Robin)

Comme une parenthèse au milieu du spectacle, l’Académie Equestre de Cordoba, présentait un pas de quatre avec garrochas et danseuses flamencas. Un numéro qui me séduit particulièrement car il m’évoque des souvenirs très agréables et émouvants. Au milieu des années 80, j’ai détourné de son utilisation première, cet outil que l’on nomme garrocha pour la mettre au service d’une chorégraphie originale et spectaculaire. Après l’avoir présentée sur les plus grandes scènes internationales, c’est à Paris, au Salon du Cheval, qu’Alain Franqueville, fut séduit par l’esthétisme de cette création. Le capitaine Franqueville me proposa même de commenter ma présentation en insistant sur l’indépendance des aides symbolisée par le maniement de ce long manche. C’est grâce à lui si j’eus l’immense honneur de venir présenter cette chorégraphie à Terrefort dans le grand manège des écuyers avec 3 de mes chevaux toreros. Le colonel de Beauregard était alors écuyer en chef, le général Durand était directeur de l’ENE, c’était en 1987.

Les Gardians (credit photo Martine CLEMENT)
Les Gardians (credit photo Martine CLEMENT)

L’Académie « Cordoba Equestre » au complet, à été invitée, à Saumur lors du Printemps des Ecuyers en 2015, comme vont l’être les gardians de Camargue les 21, 22 et 23 avril prochains. Ce sont eux qui ont clôturé les Crinières d’Or 2017 par un magnifique tableau évoquant, les traditions pastorales de Provence et du Languedoc. La mise en valeur du petit cheval blanc, rustique et polyvalent, adroit et agile est avant tout un symbole de liberté tel que l’a voulu Denys Colomb de Daunant dans l’ouvrage, qu’il a co-écrit et réalisé avec Albert Lamorisse : « Crin Blanc ». C’est grâce au maître de Cacharel que des générations entières rêvent de camargue, d’aventure et d’évasion. C’est au marquis Folco de Baroncelli, noble florentin, installé en Avignon, que l’on doit la création et la codification du costume des gardians. Ainsi par la passion et la volonté de ces deux grands personnages, se perpétue notre belle culture méditerranéenne.

Cinq autres numéros se sont succédé et ont étoffé ce 32 ème Gala. S’y succédèrent voltige classique et cosaque, liberté, humour et autre création…..

Création, vous avez dit création ?….

Freddy PORTE..